Discours sur les
passions de l'amour
Discurso acerca de las
pasiones del amor
Blaise Pascal
*Traducción
de Raúl Falcó
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Blaise Pascal (1623-1662)
fue un genio polifacético desde niño. A los once años
escribió un Tratado de los sonidos y a los diecisiete su
Ensayo de las secciones cónicas, de gran importancia en matemáticas.
A los treinta revoluciona una parte de la física con el Tratado
sobre el equilibrio de los líquidos. Ateo durante su juventud,
se convierte al cristianismo, aliándose al bando de los jansenistas.
Desde esa tribuna religiosa lucha contra los jesuitas. De esta polémica
dan cuenta sus Cartas provinciales. Éstas son condenadas
por el papa y puestas en el Index. Más tarde proyectó
escribir una Apología de la religión cristina, cuyos
fragmentos se conocen como los Pensamientos, su libro más
trascendente.
El Discurso acerca de
las pasiones del amor ha sido atribuido a Pascal, esto es: hasta ahora
nadie está seguro de su autenticidad. Hay quienes están de
acuerdo en que el estilo recuerda al suyo, pero otros sostienen lo contrario.
Quizá la discusión termine cuando haya pruebas documentales.
Aquí presentamos un
fragmento de este Discurso..., que en fecha próxima la UAM
editará completo |
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L'homme est né pour
penser; aussi n'est-il pas un moment sans le faire; mais les pensées
pures, qui le rendroient heureux s'il pouvoit toujours les soutenir, le
fatiguent et l'abattent. C'est une vie unie à laquelle il ne peut
s'accommoder; il lui faut du remuement et de l'action, c'est-à-dire
qu'il est nécessaire qu'il soit quelquefois agité des passions,
dont il sent dans son coeur des sources si vives et si profondes.
Les passions qui sont les
plus convenables à l'homme, et qui en renferment beaucoup d'autres,
sont l'amour et l'ambition: elles n'ont guère de liaison ensemble,
cependant on les allie assez souvent; mais elles s'affoiblissent l'une
l'autre réciproquement, pour ne pas dire qu'elles se ruinent.
Quelque étendue d'esprit
que l'on ait, l'on n'est capable que d'une grande passion; c'est pourquoi,
quand l'amour et l'ambition se rencontrent ensemble, elles ne sont grandes
que de la moitié de ce qu'elles seroient s'il n'y avoit que l'une
ou l'autre. L'âge ne détermine point, ni le commencement,
ni la fin de ces deux passions; elles naissent dès les premières
années, et elles subsistent bien souvent jusqu'au tombeau. Néanmoins,
comme elles demandent beaucoup de feu, les jeunes gens y sont plus propres,
et il semble qu'elles se ralentissent avec les années; cela est
pourtant fort rare.
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El hombre nació para
pensar, por lo cual ni un momento deja de hacerlo. Pero los pensamientos
puros, aquellos que lo harían feliz si pudiera sostenerlos siempre,
lo cansan y lo abaten. Sería una vida unitiva en la que no sabe
hallar acomodo. Quiere acción, le son necesarias pasiones que lo
agiten y le hagan sentir en su corazón sus raíces tan vivas
y tan profundas.
Las pasiones más propias
del hombre, origen de muchas otras, son el amor y la ambición. No
tienen que ver entre sí, aunque a menudo anden de la mano. Pero
se debilitan de manera recíproca, por no decir que se anulan.
Sea cual fuere la grandeza
de espíritu que se tenga, únicamente se podrá nutrir
una sola gran pasión. Por ello, cuando el amor y la ambición
se encuentran juntos, sólo son la mitad de lo que serían
si no estuvieran ambos. La edad no influye en la aparición ni en
el fin de estas dos pasiones: nacen en los primeros años y subsisten
muy a menudo hasta la tumba. Sin embargo, como requieren mucho ardor, los
jóvenes las padecen más y parecieran deber perder fuerza
con los años. Pero esto sucede muy rara vez. |
La vie de l'homme est misérablement
courte. On la compte depuis la première entrée dans le monde;
pour moi je ne voudrois la compter que depuis la naissance de la raison,
et depuis qu'on commence à être ébranlé par
la raison, ce qui n'arrive pas ordinairement avant vingt ans. Devant ce
temps l'on est enfant; et un enfant n'est pas un homme.
Qu'une vie est heureuse quand
elle commence par l'amour et qu'elle finit par l'ambition! Si j'avois à
en choisir une, je prendrois celle-là. Tant que l'on a du feu, l'on
est aimable; mais ce feu s'éteint, il se perd: alors que la place
est belle et grande pour l'ambition! La vie tumultueuse est agréable
aux grands esprits, mais ceux qui sont médiocres n'y ont aucun plaisir;
ils sont machines partout. C'est pourquoi l'amour et l'ambition commençant
et finissant la vie, on est dans l'état le plus heureux dont la
nature humaine est capable. |
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La vida del hombre es miserablemente
corta. Se lleva la cuenta desde que se ve la luz. Por mi parte, yo no contaría
más que a partir del nacimiento de la razón, a partir del
momento en que la razón nos sacude, lo cual no suele suceder antes
de los veinte años. Antes se es niño. Y un infante no es
un hombre.
¡Qué feliz es
una vida si empieza con el amor y termina por la ambición! Si pudiera
escoger una, ésa sería. Mientras hay fuego, se es amable;
pero ese fuego se apaga, se pierde: ¡qué amplio y hermoso
le queda el lugar a la ambición! La vida tumultuosa les es agradable
a los grandes espíritus y no hay placer en ella para los mediocres.
Siempre son máquinas. Por ello, si el amor y la ambición
comienzan y terminan la vida, se está en el estado más feliz
que puede alcanzar la naturaleza humana. |
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A mesure que l'on a plus
d'esprit, les passions sont plus grandes, parce que les passions n'étant
que des sentimens et des pensées, qui appartiennent purement à
l'esprit, quoiqu'elles soient occasionnées par le corps, il est
visible qu'elles ne sont plus que l'esprit même, et qu'ainsi elles
remplissent toute sa capacité. Je ne parle que des passions de feu,
car pour les autres, elles se mêlent souvent ensemble, et causent
une confusion très-incommode; mais ce n'est jamais dans ceux qui
ont de l'esprit. Dans une grande âme tout est grand.
L'on demande s'il faut aimer.
Cela ne se doit pas demander, on le doit sentir. L'on ne délibère
point là-dessus, l'on y est porté, et l'on a le plaisir de
se tromper quand on consulte.
La netteté d'esprit
cause aussi la netteté de la passion; c'est pourquoi un esprit grand
et net aime avec ardeur, et il voit distinctement ce qu'il aime.
Il y a de deux sortes d'esprits,
l'un géométrique, et l'autre que l'on peut appeler de finesse.
Le premier a des vues lentes, dures et inflexibles; mais le dernier a une
souplesse de pensées qu'il applique en même temps aux diverses
parties aimables de ce qu'il aime. Des yeux il va jusques au coeur, et
par le mouvement du dehors il connoît ce qui se passe au dedans.
Quand on a l'un et l'autre esprit tout ensemble, que l'amour donne de plaisir!
Car on possède à la fois la force et la flexibilité
de l'esprit, qui est très-nécessaire pour l'éloquence
de deux personnes. |
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Cuanto más espíritu
se tenga, tanto más grandes serán las pasiones, ya que no
siendo éstas sino sentimientos y pensamientos, propios únicamente
del espíritu, aunque causados por el cuerpo, resulta evidente que
ya sólo serán puro espíritu y que, de esta manera,
lo colmarán a toda su capacidad. Me refiero en especial a las pasiones
de fuego, ya que las demás suelen fundirse a menudo juntas, causando
una confusión en sumo incómoda. Pero esto nunca les sucede
a los que tienen espíritu. Todo es grande en un alma grande.
Algunos se preguntan si hay
que amar. Eso no debe ser una pregunta: sólo puede sentirse. Acerca
de eso no se elaboran conjeturas: sólo se es proclive y, en caso
de mucho preguntar, puede uno ganarse el placer de haberse equivocado.
La claridad del espíritu
implica también la claridad de la pasión, por lo cual, si
un espíritu grande y preclaro ama con ardor, por lo mismo ve con
toda nitidez aquello que ama.
Existen dos tipos de espíritu,
uno geométrico y otro que puede ser llamado de fineza. El primero
experimenta alcances lentos, duros y rígidos; el otro, en cambio,
manifiesta una flexibilidad de pensamiento que destina siempre a las diversas
partes amables de lo que ama. De los ojos llega hasta el corazón;
por lo exterior conoce lo interior. Cuando ambas formas de espíritu
coexisten, ¡cuánto placer procura el amor! Porque se tienen
a un tiempo la fuerza y la flexibilidad del espíritu, esta última
muy necesaria para que dos personas puedan ser elocuentes.
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Nous naissons avec un caractère
d'amour dans nos coeurs, qui se développe à mesure que l'esprit
se perfectionne, et qui nous porte à aimer ce qui nous paroît
beau sans que l'on nous ait jamais dit ce que c'est. Qui doute après
cela si nous sommes au monde pour autre chose que pour aimer? En effet,
on a beau se cacher, l'on aime toujours. Dans les choses même où
il semble que l'on ait séparé l'amour, il s'y trouve secrètement
et en cachette, et il n'est pas possible que l'homme puisse vivre un moment
sans cela.
L'homme n'aime pas à
demeurer avec soi; cependant il aime: il faut donc qu'il cherche ailleurs
de quoi aimer. Il ne le peut trouver que dans la beauté; mais comme
il est lui-même la plus belle créature que Dieu ait jamais
formée, il faut qu'il trouve dans soi-même le modèle
de cette beauté qu'il cherche au dehors. Chacun peut en remarquer
en soi-même les premiers rayons; et selon que l'on s'aperçoit
que ce qui est au dehors y convient ou s'en éloigne, on se forme
les idées de beau ou de laid sur toutes choses. Cependant, quoique
l'homme cherche de quoi remplir le grand vide qu'il a fait en sortant de
soi-même, néanmoins il ne peut pas se satisfaire par toutes
sortes d'objets. Il a le coeur trop vaste; il faut au moins que ce soit
quelque chose qui lui ressemble, et qui en approche le plus près.
C'est pourquoi la beauté qui peut contenter l'homme consiste non-seulement
dans la convenance, mais aussi dans la ressemblance: elle la restreint
et elle l'enferme dans la différence du sexe.
La nature a si bien imprimé
cette vérité dans nos âmes, que nous trouvons cela
tout disposé; il ne faut point d'art ni d'étude; il semble
même que nous ayons une place à remplir dans nos coeurs et
qui se remplit effectivement. Mais on le sent mieux qu'on ne le peut dire.
Il n'y a que ceux qui savent brouiller et mépriser leurs idées
qui ne le voient pas. |
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Nacemos con un tipo de amor
en nuestros corazones, que se desarrolla a medida que el espíritu
se va perfeccionando y que nos conduce a amar aquello que nos parece bello
sin que nadie nos haya dicho en qué consiste. ¿Quién
puede, pues, dudar que estemos en el mundo para otra cosa que no sea amar?
En efecto, por más que nos escondamos, seguiremos amando. Hasta
en aquellas cosas de las que parece que el amor ha sido sustraído,
el amor mora secretamente y a escondidas, y resulta imposible que el hombre
pueda vivir un momento sin él.
Al hombre no le gusta quedarse
consigo mismo. Pero ama. Debe, pues, buscar en otra parte algo que amar.
No puede hallarlo más que en la belleza. Pero, como él es
la criatura más bella que Dios haya formado, tiene que encontrar
en sí mismo el modelo de la belleza que busca por fuera. Cualquiera
puede advertir en sí mismo sus primeros destellos y, según
si los que provienen de fuera se les adaptan o no, así se van formando
las ideas que uno tiene acerca de lo bello y lo feo en todas las cosas.
De este modo, aunque el hombre trate de encontrar con qué llenar
el gran vacío que ha abierto al salir de sí mismo, no podrá
satisfacerse con cualquier tipo de objeto. Su corazón es demasiado
grande. Debe ser, por lo menos, algo que se le parezca y que se le acerque
lo más posible. Esta es la razón por la cual la belleza que
puede contentar al hombre no estriba sólo en la conveniencia, sino
también en el parecido: lo restringe y lo encierra en la diferencia
de los sexos.
La naturaleza ha sabido imprimir
tan bien esta verdad en nuestras almas que todo nos parece haber sido dispuesto
de antemano. No son necesarios arte ni estudio. Hasta parece que tuviéramos
un papel que desempeñar en nuestros corazones y que ello en efecto
sucediese. Pero es más lo que se siente que lo que puede decirse.
Sólo quienes confunden y desprecian sus propias ideas dejan de percibirlo. |
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Quoique cette idée
générale de la beauté soit gravée dans le fond
de nos âmes avec des caractères ineffaçables, elle
ne laisse pas que de recevoir de très-grandes différences
dans l'application particulière; mais c'est seulement pour la manière
d'envisager ce qui plaît. Car l'on ne souhaite pas nûment une
beauté, mais l'on y désire mille circonstances qui dépendent
de la disposition où l'on se trouve; et c'est en ce sens que l'on
peut dire que chacun a l'original de sa beauté, dont il cherche
la copie dans le grand monde. Néanmoins les femmes déterminent
souvent cet original. Comme elles ont un empire absolu sur l'esprit des
hommes, elles y dépeignent ou les parties des beautés qu'elles
ont, ou celles qu'elles estiment, et elles ajoutent par ce moyen ce qui
leur plaît à cette beauté radicale. C'est pourquoi
il y a un siècle pour les blondes, un autre pour les brunes, et
le partage qu'il y a entre les femmes sur l'estime des unes ou des autres
fait aussi le partage entre les hommes dans un même temps sur les
unes et sur les autres. La mode même et les pays règlent souvent
ce que l'on appelle beauté. C'est une chose étrange que la
coutume se mêle si fort de nos passions. Cela n'empêche pas
que chacun n'ait son idée de beauté sur laquelle il juge
des autres, et à laquelle il les rapporte; c'est sur ce principe
qu'un amant trouve sa maîtresse plus belle, et qu'il la propose comme
exemple.
La beauté est partagée
en mille différentes manières. Le sujet le plus propre pour
la soutenir, c'est une femme. Quand elle a de l'esprit, elle l'anime et
la relève merveilleusement. Si une femme veut plaire, et qu'elle
possède les avantages de la beauté, ou du moins une partie,
elle y réussira; et même, si les hommes y prenoient tant soit
peu garde, quoiqu'elle n'y tâchât point, elle s'en feroit aimer.
Il y a une place d'attente dans leur coeur, elle s'y logeroit.
L'homme est né pour
le plaisir: il le sent, il n'en faut point d'autre preuve. Il suit donc
sa raison en se donnant au plaisir. Mais bien souvent il sent la passion
dans son coeur sans savoir par où elle a commencé.
Un plaisir vrai ou faux peut
remplir également l'esprit. Car qu'importe que ce plaisir soit faux,
pourvu que l'on soit persuadé qu'il est vrai?
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Aunque esta idea general
de la belleza se encuentre grabada en el fondo del alma con letras imborrables,
no deja de experimentar grandes diferencias en su aplicación particular,
pero únicamente en cuanto a la manera de concebir lo que gusta.
En efecto, no se desea de modo desnudo una belleza, sino que se le piden
mil circunstancias que dependen de la posición en la que uno se
halle y por ello puede decirse que cada quien tiene el original de su belleza,
cuya copia va buscando por el ancho mundo. Sin embargo, son las mujeres
quienes determinan a menudo este original. Como ejercen un poder absoluto
sobre el espíritu de los hombres, son capaces de subrayar las bellezas
parciales que poseen o las que estiman y, de este modo, le añaden
cuanto les gusta a esta belleza radical. Por este motivo, hay un siglo
para las rubias como otro para las morenas y la división de opiniones
respecto de unas y otras es también la que divide a los hombres
en un mismo momento en relación con unas y otras. La moda misma
y los países rigen a menudo lo que llamamos belleza. No deja de
ser extraño que las costumbres se entrometan tanto en nuestras pasiones.
Lo cual no impide que cada quien tenga su concepto de belleza, con el que
juzga a los demás y al que los refiere: bajo este principio, a un
amante le parece más bella su propia amante y la erige como ejemplo.
La belleza tiene mil rostros
diferentes, pero quien mejor lo sostiene es sin duda una mujer. Cuando,
además, tiene espíritu, la anima y sazona de manera maravillosa.
Si una mujer quiere gustar y posee las ventajas que otorga la belleza,
o parte de ellas, triunfará. Y si no lo intenta, por poco que los
hombres se fijen en ella, logrará enamorarlos e instalarse en ese
lugar de espera que todos tienen en sus corazones.
El hombre nace para el placer:
lo siente y no le es necesaria ninguna otra prueba. Obedece, pues, a su
razón al entregarse al placer. Pero, muy a menudo, siente pasión
en su corazón sin saber por dónde ha llegado.
Un placer verdadero y un
placer falso pueden colmar del mismo modo el espíritu. ¿Qué
importa que ese placer sea falso si lo creemos verdadero?
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A force de parler d'amour,
on devient amoureux. Il n'y a rien si aisé. C'est la passion la
plus naturelle à l'homme.
L'amour n'a point d'âge;
il est toujours naissant. Les poëtes nous l'on dit: c'est pour cela
qu'ils nous le présentent comme un enfant. Mais sans lui rien demander,
nous le sentons.
L'amour donne de l'esprit,
il se soutient par l'esprit. Il faut de l'adresse pour aimer. L'on épuise
tous les jours les manières de plaire; cependant il faut plaire,
et l'on plaît.
Nous avons une source d'amour-propre
qui nous représente à nous-mêmes comme pouvant remplir
plusieurs places au dehors: c'est ce qui est cause que nous sommes bien
aises d'être aimés. Comme on le souhaite avec ardeur, on le
remarque bien vite et on le reconnoît dans les yeux de la personne
qui aime. Car les yeux sont les interprètes du coeur; mais il n'y
a que celui qui y a intérêt qui entend leur langage. |
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A fuerza de hablar de amor,
nos enamoramos. Nada tan fácil. Es la pasión más natural
en el hombre.
El amor carece de edad. Siempre
es un recién nacido. Los poetas nos lo han dicho: por eso nos lo
presentan como un niño. Y sin pedirle nada, lo sentimos.
El amor nos da más
espíritu, el espíritu lo sustenta: hay que ser ágil
para amar. A diario se nos agotan las maneras de gustar. Sin embargo, hay
que gustar y lo logramos.
Tenemos una fuente de amor
propio que nos representa a nosotros mismos como siendo capaces de desempeñar
diversos papeles en el mundo: es la causa de que nos guste tanto ser amados.
Como se trata de un deseo ardiente, lo notamos muy pronto y lo reconocemos
en los ojos de la persona que ama. Los ojos son los intérpretes
del corazón, pero sólo quien anda interesado entiende su
lenguaje. |
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L'homme seul est quelque
chose d'imparfait; il faut qu'il trouve un second pour être heureux.
Il le cherche bien souvent dans l'égalité de la condition,
à cause que la liberté et que l'occasion de se manifester
s'y rencontrent plus aisément. Néanmoins l'on va quelquefois
bien au-dessus, et l'on sent le feu s'agrandir, quoiqu'on n'ose pas le
dire à celle qui l'a causé.
Quand on aime une dame sans
égalité de condition, l'ambition peut accompagner le commencement
de l'amour; mais en peu de temps il devient le maître. C'est un tyran
qui ne souffre point de compagnon; il veut être seul; il faut que
toutes les passions ploient et lui obéissent.
Une haute amitié remplit
bien mieux qu'une commune et égale le coeur de l'homme; et les petites
choses flottent dans sa capacité; il n'y a que les grandes qui s'y
arrêtent et qui y demeurent.
L'on écrit souvent
des choses que l'on ne prouve qu'en obligeant tout le monde à faire
réflexion sur soi-même et à trouver la vérité
dont on parle. C'est en cela que consiste la force des preuves de ce que
je dis.
Quand un homme est délicat
en quelque endroit de son esprit, il l'est en amour. Car comme il doit
être ébranlé par quelque objet qui est hors de lui,
s'il y a quelque chose qui répugne à ses idées, il
s'en aperçoit, et il le fuit. La règle de cette délicatesse
dépend d'une raison pure, noble et sublime: ainsi l'on se peut croire
délicat, sans qu'on le soit effectivement, et les autres ont le
droit de nous condamner. Au lieu que pour la beauté chacun a sa
règle souveraine et indépendante de celle des autres. Néanmoins
entre être délicat et ne l'être point du tout, il faut
demeurer d'accord que, quand on souhaite d'être délicat, l'on
n'est pas loin de l'être absolument. Les femmes aiment à apercevoir
une délicatesse dans les hommes; et c'est, ce me semble, l'endroit
le plus tendre pour les gagner: l'on est aise de voir que mille autres
sont méprisables, et qu'il n'y a que nous d'estimables.
Les qualités d'esprit
ne s'acquièrent point par l'habitude; on les perfectionne seulement.
De là, il est aisé de voir que la délicatesse est
un don de nature, et non pas une acquisition de l'art.
A mesure que l'on a plus
d'esprit, l'on trouve plus de beautés originales; mais il ne faut
pas être amoureux; car quand l'on aime, l'on n'en trouve qu'une.
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El hombre solitario es algo
imperfecto; es menester que se encuentre a otro para ser feliz. Lo busca
con frecuencia en su entorno cercano, porque la libertad y la posibilidad
de manifestarla se hallan en él de manera más fácil.
Sin embargo, se mira a veces más arriba y se siente que el fuego
crece, aunque no nos atrevamos a decírselo a la que desde ahí
lo atiza.
Cuando se ama a una mujer
de otra condición, la ambición puede acompañar los
albores del amor. Pero en poco tiempo éste se convierte en el amo.
Es un tirano que no tolera competencia. Quiere estar solo. Todas las pasiones
deben doblegársele y obedecerle.
Una amistad de alta estirpe
colma mucho mejor el corazón del hombre que una de misma condición
y común. Las pequeñeces flotan en su ámbito pero sólo
las cosas grandes se detienen y se quedan.
A menudo se escriben cosas
que sólo pueden ser demostradas si se obliga a que todo mundo reflexione
acerca de sí mismo para dar con la verdad a la que me refiero.
Cuando un hombre muestra
delicadeza en algún lugar de su espíritu, la tendrá
también en amores. Ya que como es menester que sea un objeto exterior
el que lo cimbre, si algo repugna a sus ideas lo percibe y se aleja. La
regla de semejante delicadeza depende de una razón pura, noble y
sublime: por lo cual puede uno creer ser delicado, sin serlo en efecto,
y estar los demás en todo su derecho para condenarnos. En cambio,
cuando de belleza se trata, cada quien tiene su regla soberana e independiente
de las otras. Sin embargo, entre ser delicado y no serlo para nada, hay
que convenir que, cuando se quiere ser delicado, no se dista mucho de serlo
del todo. A las mujeres les gusta percibir una delicadeza masculina y ésta
me parece ser la manera más tierna de ganárnoslas: qué
agradable es ver que mil otros son despreciables mientras sólo nosotros
somos estimables.
Las cualidades del espíritu
no se adquieren por costumbre, sólo se perfeccionan. Por ello, es
fácil advertir que la delicadeza es un don de la naturaleza y no
una conquista del arte.
A medida que se tenga más
espíritu, se hallarán más bellezas originales. Pero
no se puede estar enamorado, ya que, si se ama, nada más se podrá
encontrar una. |
Ne semble-t-il pas qu'autant
de fois qu'une femme sort d'elle-même pour se caractériser
dans le coeur des autres, elle fait une place vide pour les autres dans
le sien? Cependant j'en connois qui disent que cela n'est pas vrai. Oseroit-on
appeler cela injustice? Il est naturel de rendre autant qu'on a pris.
L'attachement à une
même pensée fatigue et ruine l'esprit de l'homme. C'est pourquoi
pour la solidité et la [durée] du plaisir de l'amour, il
faut quelquefois ne pas savoir que l'on aime; et ce n'est pas commettre
une infidélité, car l'on n'en aime pas d'autre; c'est reprendre
des forces pour mieux aimer. Cela se fait sans que l'on y pense; l'esprit
s'y porte de soi-même; la nature le veut; elle le commande. Il faut
pourtant avouer que c'est une misérable suite de la nature humaine,
et que l'on seroit plus heureux si l'on n'étoit point obligé
de changer de pensée; mais il n'y a point de remède.
Le plaisir d'aimer sans l'oser
dire a ses peines, mais aussi il a ses douceurs. Dans quel transport n'est-on
point de former toutes ses actions dans la vue de plaire à une personne
que l'on estime infiniment? L'on s'étudie tous les jours pour trouver
le moyen de se découvrir, et l'on y emploie autant de temps que
si l'on devoit entretenir celle que l'on aime. Les yeux s'allument et s'éteignent
dans un même moment; et quoique l'on ne voie pas manifestement que
celle qui cause toute ce désordre y prenne garde, l'on a néanmoins
la satisfaction de sentir tous ces remuemens pour une personne qui le mérite
si bien. L'on voudroit avoir cent langues pour le faire connoître;
car comme l'on ne peut pas se servir de la parole, l'on est obligé
de se réduire à l'éloquence d'action. |
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¿No es notable que
cada vez que una mujer sale de sí misma para caracterizarse ante
el corazón de los demás, abre un lugar vacío para
los demás en el suyo? Y, sin embargo, no falta quien lo niegue.
¿Nos atreveremos a llamarlo injusticia? Es natural devolver cuanto
hemos tomado.
El obcecamiento con un solo
pensamiento cansa y arruina al espíritu. Por lo cual, para que el
placer del amor sea sólido y duradero, es preferible, a veces, no
saber que se ama. Esto no significa ser infiel, puesto que no se ama a
nadie más, sino retomar fuerzas para amar mejor. Sucede sin que
lo pensemos, el espíritu lo hace solo; la naturaleza lo quiere,
lo ordena. Hay que confesar, sin embargo, que se trata de una miserable
consecuencia de la naturaleza humana y que se estaría mucho mejor
si no fuera obligatorio cambiar de pensamiento. Pero no hay remedio.
El placer de amar sin confesarlo
conlleva penas, pero no por ello carece de dulzuras. ¿A qué
alturas no nos eleva el hecho de destinar todas nuestras acciones a gustarle
a una persona que estimamos de forma infinita? Nos estudiamos a diario
para encontrar la manera de descubrirnos y nos tomamos el mismo tiempo
que le dedicaríamos a la que amamos. Los ojos se encienden y se
apagan en un mismo instante, y aunque no nos conste que la causante de
semejante desorden lo note, se tiene de cualquier forma la satisfacción
de sentir toda esta agitación por una persona que se merece tanto.
Nos gustaría tener cien lenguas para divulgarlo, pero como está
vedado el uso de la palabra, debemos reducirnos a la elocuencia de los
actos.• |
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